Soliloque | Définition et exemple

Au théâtre, le soliloque est un discours qui n’est destiné ni au public ni à un tiers. Il est avant tout adressé au personnage lui-même et s’apparente à une réflexion méditative ou délibérative.

Soliloque def
Le soliloque théâtral est un discours destiné au personnage qui le prononce, dans un but réflexif et intimiste.

En ce sens, il se différencie de l’aparté et du monologue, et bénéficie d’une fonction spécifique au sein de l’univers théâtral.

Ni feint ni secret, le soliloque laisse alors libre cours aux confessions les plus intimes : le rideau se lève et les masques tombent…

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Soliloque : définition

Dans le langage courant, le soliloque désigne le fait, pour une personne, de se parler à elle-même. Dans cette même perspective sémantique, le soliloque théâtral fait référence à un discours prononcé à haute voix par un personnage seul sur scène.

Toutefois, le soliloque n’est en théorie destiné à nul autre que la personne qui le prononce. Cette définition incite certains spécialistes à considérer qu’il n’y aurait pas de soliloque au théâtre.

En effet, parler de soliloque théâtral revient à faire abstraction totale du public. Ce dernier, toujours témoin du discours, en est par défaut l’auditeur passif. Ce discours devient automatiquement monologue, puisqu’il est au moins entendu par un tiers.

Différence monologue soliloque
Aparté, tirade, monologue ou soliloque, il est parfois difficile de distinguer ces notions propres au genre théâtral. Si tous ces termes désignent des discours scéniques, leur fonction les distingue néanmoins les uns des autres.

Le monologue désigne un discours tenu par un personnage seul ou qui se croit seul. Il peut s’adresser à lui-même ou à une tierce personne, qu’elle soit physique (personnage présent sur scène ou absent, mort ou vivant, etc.) ou métaphorique (Dieu, La Mort, L’Amour, etc.).

Bien souvent, le monologue théâtral est curieusement appréhendé comme un dialogue, car sa fonction le contraint à toujours s’adresser à quelqu’un, ne serait-ce qu’au personnage lui-même.

Contrairement au monologue, l’aparté a vocation à être caché : il ne doit pas être entendu des autres personnages. Accompagnés d’une didascalie, les propos sont livrés sur le ton de la confidence, à part, mais toujours à l’intention du public.

Autre type de discours scénique, la tirade est un tour de paroles délibérément long, dans lequel les propos sont énoncés d’un trait, sans interruption. Entendue de tous, elle est volontairement publique : elle s’adresse autant aux autres personnages qu’aux spectateurs de la pièce.

Contrairement au monologue, la tirade ne présente pas d’aspect délibératif et s’apparente davantage à un artifice rhétorique. Il s’agit de faire valoir l’aisance oratoire d’un personnage, et non de faire l’étalage de ses sentiments.

D’ailleurs, les tirades les plus grandiloquentes ont souvent pour fonction de dissimuler, sous le talent oratoire, le véritable état émotionnel du personnage.

Destiné à soi, mais non voué au secret, le soliloque est un discours scénique particulier que l’on peut considérer comme un type de monologue : un monologue intérieur, volontairement introspectif. Prononcé à la première personne, ce discours met en mots états d’âme et émotions ; il est consciemment intime.

Les linguistes considèrent le soliloque comme partie intégrante de la construction cognitive et discursive d’un locuteur. Autrement dit, le fait de parler tout seul n’est pas un signe de maladie mentale, mais bien une étape nécessaire à l’élaboration de la pensée et à la conceptualisation du discours.

Cette fonction de conceptualisation discursive légitime à elle seule la fonction du soliloque théâtral. En s’adressant à lui-même, le personnage livre une profonde réflexion qui se superpose à la trame narrative, en confondant les présents de narration et d’action. Le spectateur a en effet accès, en même temps que le personnage lui-même, à son cheminement intellectuel et émotionnel.

Se sachant seul, le personnage qui soliloque le fait en toute intimité, sans crainte d’être entendu par d’autres personnages. La volonté d’abstraction est telle que le public lui-même est exclu de sa réflexion.

Intervention à la fois discursive et réflexive, le soliloque théâtral est une confession impudique et sincère, qui fait davantage référence au locuteur ordinaire, qu’au personnage déclamant un monologue ou récitant une tirade.

Soliloque : exemple

Un des plus célèbres soliloques théâtraux est celui écrit par William Shakespeare dans Hamlet. À la mort de son père, Hamlet sombre dans un profond désespoir : il considère le remariage de sa mère comme une trahison et porte un regard très mélancolique sur le monde.

Au cours d’un songe, Hamlet découvre l’identité du meurtrier de son père. Son entourage le croit fou, à la fois de chagrin et d’amour, mais la folie d’Hamlet est tout autre : sa mélancolie lyrique se transforme en impérieux désir de vengeance et en haine viscérale à l’égard de l’assassin de son père.

Exemple de soliloque
HAMLET. — Être, ou ne pas être : telle est la question. Y a-t-il pour l’âme plus de noblesse à endurer les coups et les revers d’une injurieuse fortune, ou à s’armer contre elle pour mettre frein à une marée de douleurs ? Mourir… dormir, c’est tout ;… Calmer enfin, dit-on, dans le sommeil les affreux battements du cœur ; quelle conclusion des maux héréditaires serait plus dévotement souhaitée ? Mourir… dormir, dormir ! Rêver peut-être ! C’est là le hic. Car, échappés des liens charnels, si, dans ce sommeil du trépas, il nous vient des songes… halte là ! Cette considération prolonge la calamité de la vie. Car, sinon, qui supporterait du sort les soufflets et les avanies, les torts de l’oppresseur, les outrages de l’orgueilleux, les affres de l’amour dédaigné, les remises de la justice, l’insolence des gens officiels, et les rebuffades que les méritants rencontrent auprès des indignes, alors qu’un simple petit coup de pointe viendrait à bout de tout cela ?

(William Shakespeare, Hamlet, Acte III, scène 1, 1601 ; traduction d’André Gide, 1959)

Explications :

Dans cette scène, Hamlet s’interroge sur le but de la vie, et de la sienne en particulier, qui n’est autre qu’une succession de crimes et de trahisons. Il cherche véritablement à savoir si elle vaut la peine d’être vécue et comment font les autres pour surmonter ces écueils.

Son propre discours délibératif le confronte à une alternative radicale : doit-il vivre ou mourir ? Cette délibération introspective n’est toutefois considérée comme soliloque que du point de vue d’Hamlet. En effet, toute la scène est épiée par deux autres personnages, dont Hamlet ignore la présence.

En délibérant seul sur scène, Hamlet croit se livrer à un soliloque, mais son discours se rapproche du monologue dès lors que le spectateur remarque la présence d’oreilles indiscrètes.

Toutefois, la portée véritablement intimiste et introspective du discours d’Hamlet, ainsi que son ignorance des autres personnages, permet de faire correspondre ce monologue intérieur à la définition même du soliloque.

De plus, l’ambiguïté définitoire de cette scène fait écho à la dualité des sentiments d’Hamlet : vie ou mort, vengeance ou pardon, folie simulée ou douloureuse lucidité… Se jouant des codes du théâtre et de ses propres personnages, Shakespeare manipule le soliloque pour confondre à la fois Hamlet et le spectateur.

Questions fréquentes sur le soliloque

Quelle est la définition d’un soliloque au théâtre ?

Au théâtre, le soliloque est un discours qui n’est pas prononcé à l’intention du public ou à celle des autres personnages.

Sa fonction intimiste et réflexive le distingue du monologue et de l’aparté, en lui conférant une certaine intimité, généralement absente des discours scéniques adressés à un tiers.

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Quelle est la différence entre monologue et soliloque au théâtre ?

Au théâtre, le monologue est un discours scénique prononcé par un personnage seul sur scène. Ce dernier peut s’adresser à lui-même ou à une tierce personne.

Le soliloque est davantage une réflexion intime formulée par un personnage pour lui-même, à sa propre intention. Il est volontairement introspectif et donne accès aux émotions les plus profondes.

De par sa nature intimiste, le soliloque est souvent considéré comme un type particulier de monologue, qualifié de monologue intérieur.

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Aude Charrin, MA

Traductrice et linguiste de formation, Aude a également enseigné le français à des jeunes en difficulté scolaire. Sa nouvelle mission : démocratiser la langue française en vulgarisant ses concepts.