Connection ou connexion | Orthographe

Phonétiquement identiques, mais graphiquement différents, les mots connexion et connection posent un problème de taille aux locuteurs bilingues ou régulièrement exposés à l’anglais.

Connexion ou connection ?
En français, on écrit connexion avec un « x » sur le modèle de connexe.

  • Sa connexion internet est trop lente.
  • La connexion se fit enfin dans mes synapses fatiguées.
  • Ils partageaient une connexion nouvelle : une amitié plus sincère que leur défunt amour.

Propre à l’anglais américain, la graphie connection n’est pourtant pas partagée par tous les anglophones : les Britanniques continuent d’utiliser la forme connexion, empruntée il y a plusieurs siècles au moyen français.

Anglicisme graphique, connection profite de l’avènement du numérique pour s’imposer de force dans le lexique contemporain et semer la confusion parmi les rédacteurs francophones.

Avis aux rédacteurs
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Connexion en français

En français, le mot connexion est issu du latin classique connexio signifiant jonction. Il apparaît, au début du XIVe siècle, dans le lexique du moyen français sous la forme connexion. Il voit ensuite sa graphie prendre un accent aigu sur le « e », soit connéxion, au milieu du XVIIIe siècle, sous l’influence de certains lettrés.

Au XIXe siècle, la graphie du mot se stabilise enfin et revient à sa forme initiale, non accentuée, que nous utilisons, aujourd’hui encore, en français moderne. La forme connexion avec un « x » est donc largement antérieure aux connexions internet et autres connexions neuronales

Connection ou connexion internet ?
  • Une connexion internet sécurisée est essentielle pour effectuer des achats en ligne.
  • Elle me regarda, mit un doigt sur sa bouche et désactiva sa connexion internet.
  • La connexion entre les différents os du crâne des nouveau-nés est très fragile.
  • L’alchimie filiale, la connexion intime qu’il y aurait dû y avoir entre un père et son fils, était totalement absente de nos rapports.

Le français, qui a beaucoup emprunté au latin, est lui-même devenu une langue d’emprunt pour bon nombre de ses voisins. En outre, la conquête de l’Angleterre par Guillaume le Conquérant a fortement bouleversé le paysage linguistique anglo-saxon.

Dès le XIIe siècle, le normand devient la langue des classes supérieures britanniques et le moyen anglais intègre un nombre considérable de mots d’origine latine dans son lexique.

Dans le cas du mot connexion, il est adopté sans modification graphique ou phonétique de sa forme : la graphie latine en « x » est donc à l’honneur outre-Manche.

Les conquêtes britanniques du début du XVIIe siècle font circuler ce mot d’un bout à l’autre du continent nord-américain. De nombreux facteurs sociaux (guerres coloniales, révolution américaine, contacts entre langues autochtones et émergence des différentes variétés américaine et canadienne de l’anglais) influencent la forme de certains mots, sans pour autant modifier leur prononciation.

Aujourd’hui, l’influence anglo-américaine dans les domaines de la science et la technologie est telle qu’elle affecte les différentes variétés de français parlées en Europe, notamment le français de France.

Connection en anglais américain

Phonétiquement parlant, les deux graphies connexion et connection ne présentent aucune différence. Quelle que soit la graphie privilégiée, la finale phonétique du mot reste la même que celle des formes diction ou réflexion, pourtant, elles aussi, graphiquement différentes.

Autrement dit, connection et connexion, écrits en alphabet phonétique international, possèdent une seule et même empreinte phonétique, soit [kɔnɛksjɔ̃] .

Qui plus est, bon nombre de mots de la même famille affichent, eux, en français, la suite de lettres « c » et « t » en lieu et place du « x ». Un simple coup d’œil au tableau ci-dessous montre combien la classe grammaticale influence la graphie des mots : verbes et noms, bien qu’ils soient de la même famille, ne partagent pas la même orthographe.

Noms Verbes
connexion connecter
reconnexion reconnecter
déconnexion déconnecter
interconnexion interconnecter

En privilégiant la suite de lettres « c » et « t » pour les noms, à l’instar des verbes de la même famille, l’anglo-américain a le mérite de rétablir un minimum de logique graphique et de filiation au sein de la même famille de mots.

Connection : entre anglicisme graphique et prestige culturel
Présent dans la langue française depuis des siècles, le mot connexion – ou plus exactement sa graphie – porte aujourd’hui à confusion. Devant l’ampleur du phénomène, une question se pose alors : pourquoi ce mot est-il soudainement devenu source d’erreur ?

Connection est par définition un anglicisme graphique (ou orthographique), c’est-à-dire une forme qui, sous l’influence de l’anglais, perd sa graphie française au profit de la forme anglaise.

Les mots addresse, apartment ou baggage sont également des anglicismes graphiques : des formes quasi identiques dont la ressemblance augmente chez le locuteur le risque de privilégier la « mauvaise » graphie, celle de l’autre langue.

En contexte bilingue, ces interférences linguistiques entre les langues sont tout à fait normales, bien que critiquées. Dans un contexte d’unilinguisme officiel (comme celui de la France), elles sont avant tout sociolinguistiques. L’américanisme connection est surtout associé au prestige de la culture qui l’a mis en circulation depuis l’avènement du numérique.

En privilégiant la graphie anglo-américaine, les locuteurs n’adoptent pas seulement une forme, mais une influence, une aura liée à la fascination qu’exercent certains produits culturels.

Les marques américaines liées aux nouvelles technologiques ont véritablement inondé le marché mondial. Pour jouir de l’influence qu’elles exercent, l’achat du produit est insuffisant : il faut aussi en adopter et en maîtriser les codes. Le choix d’une graphie au détriment d’une autre, même inconscient, donne l’illusion de cette maîtrise et traduit la volonté, chez le locuteur, d’acquérir ce prestige.

Empruntée au latin, puis au moyen français et à l’anglais britannique, la forme modifiée de connection – et son « prestigieux » référent culturel  – nous arrive en grande pompe par l’intermédiaire de l’anglo-américain. Inutile, pour autant, de sortir les trompettes : c’est bien toujours le « x » qu’il faut privilégier en français moderne.

Questions fréquentes sur connexion ou connection

Écrit-on une connection ou connexion en français ?

En français, le mot connexion s’écrit toujours avec un « x ». Ainsi, on écrit une connexion internet, plutôt qu’une « connection internet ».

Toutefois, en anglais, et notamment en anglais américain, on écrit internet connection pour traduire la locution connexion internet.

Emprunté au français, le mot connexion a subi, en anglais américain, une modification graphique. La graphie anglo-américaine connection n’entraînant aucune modification phonétique, elle induit en erreur les locuteurs francophones.

L’exposition des francophones à cette graphie, phonétiquement similaire au mot français, donne lieu à un phénomène appelé interférence linguistique, une confusion entre les graphies française et américaine.

Ce phénomène, commun et légitime, est lié à l’essor des nouvelles technologies et au prestige culturel dont jouissent les États-Unis en la matière.

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Aude Charrin, MA

Traductrice et linguiste de formation, Aude a également enseigné le français à des jeunes en difficulté scolaire. Sa nouvelle mission : démocratiser la langue française en vulgarisant ses concepts.