Le théâtre | Une histoire de genres…
Art millénaire, le théâtre est à la fois spectacle vivant et lieu de représentation. Il est surtout un genre littéraire, dont les différentes formes et sous-genres ont façonné, siècle après siècle, ses modes de représentation.
De la tragédie grecque au Cirque du Soleil, du théâtre de marionnettes aux comédies musicales, le théâtre est résolument pluridisciplinaire et éminemment culturel.
Premier des grands genres littéraires, il précède les univers narratifs et poétiques. S’il s’est approprié — autant qu’il les a inspirés — certains des codes du roman et de la poésie, c’est parce que le genre théâtral est justement unique en son genre.
À la frontière de l’écrit et de l’oral, de la prose et des rimes, de la parole et du mime, le théâtre occupe plus que jamais le devant de la scène…
Le théâtre comme genre littéraire : histoire
Pour les Grecs, le théâtre est l’art de la représentation en action. Une histoire fictive ou réelle, partagée au sein d’un hémicycle, suffit à être qualifiée de théâtre si la narration engage une action, qu’elle soit simplement mimée ou véritablement interprétée.
Il désigne d’abord l’édifice, où ont lieu les représentations théâtrales et toutes productions d’art dramatique.
En ce sens, il se rapproche de son étymologie grecque : theatron. L’association de theasthai « regarder » et de tron « lieu » désigne en effet l’hémicycle, le demi-cercle où s’installent les spectateurs.
Ce sens premier fait écho à son sens figuré. Le théâtre des opérations est synonyme du lieu où se déroule un événement important, tout comme la scène, la partie surélevée du théâtre.
Par métonymie, le mot théâtre fait désormais référence au genre théâtral dans sa plus large expression. Il est utilisé autant pour nommer l’ensemble des œuvres d’un dramaturge (le théâtre de Molière) que pour évoquer ses différents formats (le théâtre de marionnettes).
Enfin, les sous-genres théâtraux, registres dans lesquels s’inscrit une œuvre théâtrale, enrichissent et précisent son sens (le théâtre réaliste ou burlesque, comique ou tragique, etc.).
Devant cette pléthore de définitions, nos outils d’aide à la rédaction, comme le correcteur orthographique ou le reformulateur de textes, joueront les premiers rôles dans vos productions écrites, des plus théâtrales aux plus sobres…
Le théâtre : le tout premier rôle
Les grands dramaturges grecs, Sophocle, Eschyle et Euripide, rédigent leur pièce. La trame narrative est couchée sur papier et les dialogues sont lus, puis appris au mot près, par les acteurs.
La structure des pièces grecques se distingue par l’absence d’actes et de scènes. La représentation n’est qu’un flot continu où se succèdent tours de paroles et interventions musicales du chœur, dont les parties chantées participent à la cohérence narrative.
Grands amateurs des tragédies grecques, les Romains étoffent le concept en augmentant physiquement les lieux pour accueillir plus d’acteurs et de spectateurs.
Les ruines de ces hémicycles, alors construits en pierre, demeurent visibles dans le sud de la France. Leur taille, autorisant une certaine affluence, témoigne de la popularité des représentations qui s’y tenaient.
Les rôles féminins, de mégères comme d’amoureuses transies, sont confiés à des adolescents ou à des hommes efféminés ; un travestissement bien mieux accepté socialement que la présence du sexe opposé.
Du théâtre élisabéthain de Shakespeare au Nô japonais, les femmes sont persona non grata sur scène, la faute à l’érotisme, a priori intrinsèque, de leur corps et de leurs courbes.
D’abord cantonnées au mime, les actrices féminines investissent la scène théâtrale pour la première fois au début du XVIe siècle, en Italie. Un siècle plus tard, l’Angleterre rejoint le mouvement amorcé par la commedia dell’arte.
Le mal est fait. Pendant des siècles, le travestissement des acteurs a donné lieu à des interprétations maniérées et un jeu grossier, parfois volontairement ridiculisé, qui a nettement écorné l’image de la femme.
Si l’illusion est l’essence même du théâtre, le travestissement théâtral a perpétué les codes d’une société patriarcale, qui s’est longtemps satisfaite d’un Roméo efféminé et d’une Juliette à barbe…
Outre le travestissement, les masques et les costumes, premiers accessoires théâtraux, permettent à un seul acteur de jouer plusieurs personnages aux caractères diamétralement opposés. Certains masques sont même doubles : une moitié affiche un large sourire, l’autre, des larmes.
Jouant alors de profil au gré de l’aspect tragique ou comique de la scène, l’acteur porte également un costume. Du plus simple au plus élaboré, son déguisement le fait paraître plus gros ou plus grand selon la fonction sociale ou le charisme du personnage qu’il incarne.
Le théâtre : les premiers doutes
Au Moyen Âge, obscurantisme religieux et théâtre ne font pas bon ménage. La production artistique, contrainte par la religion, est maigre et laborieuse. Quelques troupes itinérantes, payées par l’Église, mettent en scène la vie des Saints catholiques.
Devant le désintéressement des fidèles, les acteurs sortent littéralement de l’église et jouent en extérieur. Parvis et places publiques deviennent les scènes de ces drames liturgiques, appelés mystères, dans lesquels sont progressivement insérés des intermèdes comiques.
À la fin du Moyen Âge, le théâtre se résume donc à trois types de représentations : les tragédies grecques, les mystères et les farces, ces courts interludes comiques entre les scènes. De ces trois formats émergent les trois grands genres théâtraux : la tragédie, la comédie et le drame.
Dans un climat d’instabilité politique, religieuse et sociale accentuée par des découvertes scientifiques majeures, le caractère ostentatoire et turbulent du théâtre baroque séduit les élites européennes.
Entre excès et extravagances, les pièces baroques mêlent comédie et tragédie dans un mouvement constant d’illusions et de mises en abyme. Ces tragi-comédies dévoilent, malgré une intrigue complexe, un dénouement invariablement heureux.
Le Cid, où Pierre Corneille réunit des amants séparés, et Don Juan, dans laquelle Molière se moque du caractère volage de ses contemporains, sont les plus célèbres tragi-comédies baroques du théâtre français.
Au milieu du XVIe siècle, des voix s’élèvent contre cet amalgame des genres. À l’exubérance du baroque succède la rigueur du classicisme, qui impose une distinction nette : la tragi-comédie a assez duré !
La comédie n’est plus tragédie, et inversement ; le théâtre classique réattribue à chacune sa place. Il impose également un ensemble de règles, dont celle des trois unités : un lieu, un temps, une action.
L’action principale ne traite alors que d’un seul fait et n’a lieu qu’à un seul endroit jusqu’au dénouement final. Aussi, la durée de l’action correspond scrupuleusement à celle de la représentation.
Inspirées du théâtre antique, ces règles dictent une certaine bienséance : rien ne doit choquer le spectateur. Les morts violentes, tout comme les rapports intimes, sont dissimulées et rapportées au spectateur par le biais de récits ou de dialogues.
La fantaisie du baroque et la rigueur du classicisme ont toutes deux influencé le genre théâtral. A priori opposés, c’est au contraire la complémentarité de ces courants qui a façonné le théâtre contemporain.
Le théâtre : la confirmation
Baroque et classicisme sont les deux courants les plus prolifiques de l’histoire théâtrale. Les dramaturges se soumettent volontiers à certaines contraintes pour mieux en contourner d’autres.
Toutefois, ces contraintes engendrent une volonté d’émancipation. À la fin du XVIIIe siècle, Denis Diderot estime que les règles du classicisme, en particulier les unités de temps et de lieu, sont contraires à la liberté créatrice.
Aux côtés de Beaumarchais et de Marivaux, l’auteur de l’Encyclopédie revendique une tragi-comédie renouvelée, qui en emprunte le style sans toutefois mêler les genres.
Centré sur les valeurs familiales, le drame bourgeois présente alors des tragédies et des comédies, à l’intrigue invariablement divertissante et au dénouement heureux.
Pour les auteurs romantiques, comme Victor Hugo, c’est de la vraisemblance du classicisme qu’il faut se libérer. Le poète — dramaturge à ses heures — souhaite un retour à la versification, abandonnée par le théâtre classique.
À la faveur de la Révolution française, Hugo transforme le drame bourgeois de Diderot en drame romantique, dont il attribue le premier rôle au peuple, celui de la rue et de ses barricades. Marginal, mais jamais marginalisé, le héros romantique souffre : hyperémotivité et sentimentalisme contraignent son cœur et son âme.
Les registres tragiques, pathétiques et comiques sont mis à contribution pour peindre un protagoniste à la fois absurde et sublime, toujours clivant, que l’on adore détester ou que l’on se défend d’aimer.
Au XXe siècle, les enjeux géopolitiques plongent le monde dans le chaos et le théâtre dans l’absurde. Proches des surréalistes, Ionesco et Beckett rejettent tous les genres traditionnels.
La trame narrative de leurs pièces est volontairement brouillée et brouillonne, caractérisée par une inaction exagérée et une absence totale d’intrigue.
Très critiqué, le théâtre de l’absurde échappe au réalisme de ses détracteurs en démontrant dans un style unique, conflictuel et dissident toute l’absurdité du monde.
La performance théâtrale n’est toutefois pas nouvelle : des farces à la comédie musicale, du théâtre Nô jusqu’aux versions les plus modernes du cirque, elle a toujours fait partie de l’essence même du genre. Sur les planches ou dans la rue, la performance résulte de la mise en action du corps.
On peut en revanche différencier différentes modalités : le mime, exercé par des comédiens visibles, mais muets, s’oppose au théâtre de marionnettes, dans lequel les marionnettistes, dissimulés au regard du public, s’expriment à travers des figurines, personnages certes articulés, mais non humains.
Les ombres chinoises, à l’origine du théâtre d’ombres tel que pratiqué en Asie, proposent une modalité encore différente : la mise en scène est omniprésente, puisque les ombres résultent d’un faisceau lumineux projeté sur un écran.
La présence de dialogues ou de chants, appris ou improvisés, de chorégraphies, de pantomimes est tout aussi caractéristique d’un genre spécifique que le lieu de sa représentation ou l’importance de sa mise en scène.
Le sujet des pièces, éminemment culturel, ajoute un nouveau critère définitoire. Des satires religieuses et sociales de Molière au théâtre engagé, certaines représentations dénoncent plus qu’elles n’amusent et deviennent un moyen d’expression d’intérêt public.
Le théâtre politique, d’une importance considérable en Amérique latine, transforme la scène théâtrale en scène politique et fournit aux citoyens un lieu de réflexion et de débats autour d’enjeux sociaux et sociétaux.
Certaines pièces colombiennes abordent le conflit armé qui a divisé le pays entre 1985 et 2018, en donnant la parole aux combattants comme aux victimes. Cette approche, très populaire auprès des Colombiens, leur permet d’appréhender leur histoire commune d’une façon moins frontale ou biaisée que celle offerte par les médias.
La pluridisciplinarité, cœur de la tradition théâtrale, inspire le théâtre contemporain, qui la met en pratique sous différentes modalités, lui rendant le plus sincère des hommages. Les qualificatifs de spectacle vivant, ou de performance sont bien trop réducteurs pour exprimer toute sa diversité et sa portée artistique, sociale, politique et culturelle.
Le théâtre et ses sous-genres théâtraux
À l’instar de la poésie et de la littérature, le théâtre s’inscrit dans une tradition de courants artistiques : médiéval, baroque, classique, romantique, etc.
Ces courants, véritables mouvements d’idées et d’opinion, permettent aux dramaturges de catégoriser leurs œuvres, de leur fournir un cadre formel.
Toutefois, ces cadres restent des constructions sociales malléables, aux limites non figées et aux frontières poreuses. Bien que les sous-genres se veuillent plus précis, certaines pièces, dont la trame narrative défie toute logique de classement, ne peuvent appartenir à un seul genre.
La tragédie
Définie par Aristote, la tragédie grecque, basée sur des mythes et des divinités, est la forme originelle de la tragédie.
Si certains de ses codes sont abandonnés (présence d’un chœur, format continu, etc.), d’autres deviennent des normes.
La violence verbalisée, mais jamais montrée, la noblesse des actions du héros, dont l’âme troublée est enfin apaisée, restent les conventions actuelles du théâtre tragique.
Particulièrement codifiée, la tragédie se définit en trois sous-genres :
- la tragédie grecque,
- la tragédie antique,
- la tragédie classique.
La comédie
D’origine commune, comédies et tragédies connaissent le même engouement dans l’Antiquité.
Les célébrations de Dionysos, ou de Bacchus chez les Romains, sont l’occasion pour les citoyens d’assister à des spectacles comiques, où les auteurs s’affrontent et confrontent leur talent.
L’impact des comédies antiques n’a pourtant rien de comparable au succès des tragédies. Leur fonction respective explique ce déséquilibre : la comédie divertit le peuple tandis que la tragédie l’éduque en lui inculquant des valeurs morales.
Délaissée, puis réhabilitée dans des formats très variés, la comédie présente de nombreux sous-genres :
- la farce,
- la sotie (ou sottie),
- la moralité,
- la comédie improvisée (Commedia dell’arte),
- la comédie-ballet,
- la comédie classique,
- le vaudeville,
- la comédie de mœurs.
Le drame
Dans le langage courant, le mot drame fait référence à un événement tragique, de la catastrophe naturelle aux petits malheurs personnels.
Historiquement, le mot drame, du latin drama, désigne toute pièce de théâtre, peu importe son genre. Ce sens large se retrouve dans la définition même du théâtre, qualifié d’art dramatique.
Cette définition, beaucoup trop vaste, a quelque peu restreint ses sous-genres :
- le drame bourgeois,
- le drame romantique,
- le drame héroïque.
Le mélange des genres, issu du chevauchement des cadres, est intrinsèque à l’art. Qu’il soit antique ou contemporain, le théâtre, à travers ses nombreux genres et sous-genres, en exploite, plus que toute autre forme artistique, la pleine potentialité.
Questions fréquentes sur le théâtre
- Qu’est-ce que le théâtre ?
-
Le théâtre, qualifié de genre littéraire, est la représentation, par des acteurs, d’une pièce écrite par un dramaturge.
Le théâtre est également le lieu où se donne cette représentation.
Mais le théâtre est surtout un art, celui du spectacle et de la performance, du corps et de ses représentations (ombres, marionnettes), du rire (comédie) et des larmes (tragédies), du chant (opéra) et de la parole, voire de son absence (mime).
Un doute sur l’orthographe d’un mot ? N’hésitez pas à utiliser le correcteur orthographique QuillBot pour vérifier et améliorer vos textes en quelques secondes !