Aparté | Définition & exemples

Au théâtre, un aparté est une réplique qu’un acteur se dit à lui-même, et qui n’est censée être entendue que du public.

Aparté def
Propos émis par le personnage d’une pièce de théâtre, en apparence pour lui-même, mais en réalité à destination du public, et qui révèlent ses pensées et ses émotions.

Convention théâtrale, l’aparté révèle, sur scène, l’humeur d’un personnage. Dans le manuscrit d’une pièce de théâtre, l’aparté est indissociable de la didascalie.

De la scène de théâtre au langage courant, l’aparté a su s’imposer dans la langue sans digression ni parenthèses et s’y faire une place… à part !

Une aparté ou un aparté ?
À l’inverse d’après-midi et de son « double genre », le mot aparté est bel et bien un nom masculin ; on écrit alors un aparté, cet aparté ou tout simplement l’aparté. Issue de l’italien (a parte), sa forme est transparente : on peut facilement en déduire le sens.

Néanmoins, s’il fait partie de ces mots devant lesquels vous hésitez, sachez que vous n’êtes pas seuls ! La forme « une aparté » est très fréquente malgré son agrammaticalité. L’utilisation d’un correcteur orthographique devrait lever vos derniers doutes.

Aparté : définition

Au théâtre, un aparté est, par convention, l’ensemble des propos qu’un personnage s’adresse à lui-même. Ce soliloque — le fait pour une personne de se parler à elle-même — est toutefois feint.

Tout le but de l’aparté réside dans cette feinte : en se parlant à lui-même, c’est au public que le personnage révèle ses états d’âme et ses intentions.

Selon les codes du théâtre, les autres personnages présents sur scène ne sont pas censés l’entendre : ils doivent rester sourds et aveugles à l’aparté. Il s’agit pour eux de ne pas y prêter attention et de véritablement faire la sourde oreille.

Toutefois, pour être entendu du public, l’aparté doit être prononcé de façon intelligible par le comédien. Si ce dernier module le volume de sa voix, l’aparté n’est en aucun cas une messe-basse ou des propos confus et inarticulés.

La perception de l’aparté est essentielle à la compréhension de la pièce. Elle est souvent accompagnée d’une gestuelle mimant l’intense réflexion, le questionnement ou l’inquiétude. Cette mise en scène participe à l’identification des propos prononcés à part, notamment si leur volume n’est pas ou peu modifié.

En aparté définition
À l’instar de aparté, la locution en aparté signifie à part, à l’écart. Des confidences, des doléances, des préoccupations échangées en aparté le sont entre quelques personnes seulement et, surtout, à l’abri des oreilles indiscrètes.

Le terme aparté, propre au théâtre italien, aurait d’abord été introduit dans le lexique français au XVIIe siècle par La Ménardière, dramaturge, poète et traducteur français, puis, par extension de sens, intégré au langage courant dès le XIXe siècle.

Aujourd’hui, aparté et en aparté sont employés autant dans l’univers médiatique que narratif, voire dans le « jargon de bureau ». La télévision en a même fait le titre d’une émission culte.

De tradition latine, l’aparté théâtral a d’abord été utilisé dans le théâtre romain, puis italien. Premier grand dramaturge latin, Plaute aurait été le premier à en faire usage dans ses comédies qui moquaient les mœurs romaines de l’époque. Tous les plus grands, dont Molière, ont largement revendiqué son influence en exploitant ce même procédé dans leurs œuvres.

Aparté : exemples

L’aparté permet de révéler au spectateur le caractère, les émotions, voire les ambitions cachées du personnage qui le prononce. Dans un manuscrit, l’aparté prend la forme d’une didascalie, laquelle est notée en italique ou entre parenthèses, avant les propos du personnage.

La didascalie énonciative est une indication de l’auteur qui définit le contexte de production des propos. Elle contient très souvent les locutions à part ou pour lui-même/elle-même qui introduisent l’aparté.

Aparté : exemple
[…]

LA FLÈCHE. — Vous avez de l’argent caché ?

HARPAGON. — Non, coquin, je ne dis pas cela.

(À part.)

J’enrage.

(Haut.)

Je demande si malicieusement tu n’irais point faire courir le bruit que j’en ai.

LA FLÈCHE. — Hé que nous importe que vous en ayez ou que vous n’en ayez pas, si c’est pour nous la même chose ?

[…]

(Molière, L’Avare, Acte I, Scène 3, 1668)

Explications :

Harpagon, terrifié à l’idée qu’on lui vole son argent, se méfie de tout et de tout le monde. Ici, en plus de la didascalie énonciative (à part), une didascalie mélodique (haut) module le ton des propos d’Harpagon et permet de dissocier les paroles qu’il garde pour lui-même, l’aparté, des propos qu’il échange avec La Flèche sous la forme d’une réplique.

La locution à part peut également être suivie du nom d’un des personnages présents sur scène lorsqu’il s’agit d’un dialogue en aparté entre deux protagonistes. Véritable conciliabule, ce dialogue s’échange à l’écart ou aux dépens des autres personnages.

Dialogue en aparté : exemple
[…]

HARPAGON. — C’est trop d’honneur que vous me faites, adorable mignonne.

MARIANE, à part. — Quel animal !

HARPAGON. — Je vous suis trop obligé de ces sentiments.

MARIANE, à part. Je n’y puis plus tenir.

HARPAGON. — Voici mon fils aussi qui vous vient faire la révérence.

MARIANE, à part, à Frosine. — Ah ! Frosine, quelle rencontre ! C’est justement celui dont je t’ai parlé.

FROSINE, à Mariane. — L’aventure est merveilleuse.

HARPAGON. — Je vois que vous vous étonnez de me voir de si grands enfants ; mais je serai bientôt défait et de l’un et de l’autre.

(Molière, L’Avare, Acte III, Scène 5, 1668)

Explications :

Mariane, qu’Harpagon souhaite épouser, est horrifiée par le physique et l’avarice de ce dernier. Elle se scandalise et confie en aparté son dégoût au public. Lorsque Cléante, fils d’Harpagon et soupirant de Mariane, entre en scène, c’est à Frosine qu’elle se livre, à l’insu d’Harpagon.

Indirectement adressé au public, l’aparté est une des caractéristiques de la double énonciation théâtrale. Deux destinataires profitent de l’énoncé : le personnage et le public.

Toutefois, le lien entre les deux destinataires est volontairement implicite. Le personnage, qui pourrait s’adresser directement au public, choisit au contraire de se parler à lui-même.

Ainsi, un aparté n’est pas un monologue. Prononcé par un personnage seul ou qui se croit seul, le monologue n’a pas vocation à être caché. Le personnage qui soliloque le fait sans crainte d’être entendu par d’autres personnages.

L’aparté participe grandement au comique de situation et marque le lien tacite entre le comédien et le spectateur. Il atteint néanmoins ses limites lorsque le soliloque est perceptible par les autres personnages présents.

Limites de l’aparté : exemple
[…]

HARPAGON. — Oui, coquin ; et je m’en vais te pendre, si tu ne me le rends.

LE COMMISSAIRE. — Mon Dieu ne le maltraitez point. Je vois à sa mine qu’il est honnête homme, et que sans se faire mettre en prison, il vous découvrira ce que vous voulez savoir. Oui, mon ami, si vous nous confessez la chose, il ne vous sera fait aucun mal, et vous serez récompensé comme il faut par votre maître. On lui a pris aujourd’hui son argent, et il n’est pas que vous ne sachiez quelques nouvelles de cette affaire.

MAÎTRE JACQUES, à part. — Voici justement ce qu’il me faut pour me venger de notre intendant : depuis qu’il est entré céans, il est le favori, on n’écoute que ses conseils, et j’ai aussi sur le cœur les coups de bâton de tantôt.

HARPAGON. — Qu’as-tu à ruminer ?

LE COMMISSAIRE. — Laissez-le faire, il se prépare à vous contenter, et je vous ai bien dit qu’il était honnête homme.

[…]

(Molière, L’Avare, Acte V, Scène 2, 1668)

Explications :

Harpagon, dont l’argent a été volé, fait interroger ses domestiques par un commissaire de police. Maître Jacques, cuisinier d’Harpagon, ne souhaite qu’une chose : se venger des coups de bâton reçus plus tôt pour avoir protesté contre les économies de bout de chandelle de son maître.

La réplique d’Harpagon indique que l’aparté du domestique est perceptible, mais non comprise, par les autres personnages présents.

Les propos de Maître Jacques, prononcés sous le coup de la colère, peuvent être interprétés comme une menace à peine voilée. Si Molière joue ici avec les limites du procédé, il empêche, par la didascalie énonciative, l’aparté de devenir réplique, et met en lumière le lien indissociable qui les unit.

Questions fréquentes sur l’aparté

Quelle est la définition de aparté au théâtre ?

Au théâtre, un aparté est un énoncé que l’auteur se dit pour lui-même, mais à l’intention du public.

Un dialogue peut aussi s’échanger en aparté. S’il est toujours destiné au public, il se joue entre deux protagonistes, au détriment des autres personnages présents sur scène.

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Qu’est-ce qu’une voix en aparté ?

Dans le domaine de l’audiovisuel, et particulièrement celui du sous-titrage, une voix en aparté est une indication apparaissant sur l’écran, qui décrit un procédé narratif particulier : la voix off.

Dans un film, un personnage qu’on entend, mais qu’on ne voit pas, est qualifié de hors champ. Les termes voix off, voix en aparté ou voix hors champ sont tous trois synonymes.

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Aude Charrin, MA

Traductrice et linguiste de formation, Aude a également enseigné le français à des jeunes en difficulté scolaire. Sa nouvelle mission : démocratiser la langue française en vulgarisant ses concepts.